Définition
Une entorse correspond à une lésion ligamentaire qui peut être classifiée en différents stades :
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bénigne = étirement du ligament
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moyenne gravité : rupture ou désinsertion partielle du ligament
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grave : rupture ou désinsertion complète du ligament
Elle est le plus souvent consécutive à un traumatisme
en varus équin (cheville qui tourne vers l’intérieur)
« L’entorse de cheville » est un terme presque générique souvent utilisé à tort pour qualifier tous les traumatismes de la cheville ou du pied ne présentant pas de fracture.
Ainsi sont souvent confondues :
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Les entorses du ligament collatéral latéral de la cheville (les plus fréquentes)
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Les entorses du ligament collatéral médial
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Les entorses de la syndesmose tibio-fibulaire
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L’entorse sous-talienne
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Les entorses du médio-pied : Chopart
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Les entorses de l’avant-pied : Lisfranc
Ces entorses peuvent se présenter isolément ou en association les unes avec les autres. Malheureusement cette pathologie est souvent banalisée par le patient voire le soignant or si le traitement n’est pas adapté dès le début la convalescence peut être longue et le risque de séquelle(s) augmente.
Conduite à tenir
Pour guider la prise en charge de ces entorses notamment l’indication de réaliser ou non une radiographie de la cheville et/ou du pied des critères ont été définis et sont utilisés depuis de nombreuses années : les critères d’OTTAWA.
En cas de vive douleur à la palpation des zones décrites, en cas d’impossibilité de faire 4 pas consécutifs sur le pied blessé ou dans tous les cas si vous avez moins de 18 ans ou plus de 55 ans une radiographie est théoriquement indiquée.
Traitement fonctionnel d’une entorse
Ce traitement est le traitement de référence quelle que soit la gravité de celle-ci. Il doit comporter :
Immobilisation semi-rigide de tous les ligaments potentiellement lésés pendant l’entorse par une attelle idéalement un modèle bloquant la cheville ET le médiopied comme par exemple l’attelle NOVACAST
Association avec chaussette de contention dès que les douleurs le permettent.
Protocole POLICE : Protection (attelle), Optimal Loading (remise en charge dès que possible), Ice (Glaçage) Contention, Elevation
Décharge initiale mais reprise d’appui dès que possible en fonction des douleurs
Durée d’immobilisation de 3 à 6 semaines en fonction de la gravité :
Kinésithérapie
Normalement la kinésithérapie doit être débutée le plus tôt possible :
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Initialement à visée antalgique (physiothérapie, drainage lymphatique)
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Secondairement pour renforcement musculaire et travail proprioceptif
Actuellement les kinésithérapeutes n’exercent quasiment plus conformément aux recommandations de l’Agence Régionale de Santé. En revanche la téléconsultation leur est depuis peu ouverte et leur permet ainsi de dispenser des conseils d’auto-rééducation précieux.
Conseil d’un kinésithérapeute Renaud Poulain à Lallaing
Phase douloureuse :
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Repos
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Surélévation de la cheville : toujours plus haute par rapport au bassin
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Glaçage : poche de glace ou sachet de petits pois surgelés toujours enrobé dans un linge pour éviter le contact direct avec la peau
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Attelle (ou à défaut strapping)
Phase de récupération, progressive en fonction des douleurs, d’abord avec attelle puis sans :
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Mobilisation en flexion/extension puis rotations si pas trop de douleur
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Marche lente avec déroulé du pas complet en gardant la plante du pied au sol au milieu du pas, en pliant les genoux, dans l’axe puis en pas chassé
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Se mettre sur la pointe des pieds plusieurs fois de suite en respectant la douleur
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Exercice unipodal proche d’un obstacle haut pour se rattraper si besoin : yeux ouverts, fermés, puis jeux de lancé/rattrapé de balle sur terrain stable puis instable (coussin)
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Saut/réception sur les 2 pieds puis seulement le pied blessé
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Consulter un kinésithérapeute pour un bilan dès la fin du confinement.
Délais de reprise
En fonction de la gravité et du type d’entorse une reprise de la marche autonome sans douleur et sans attelle se fait entre 3 et 6 semaines.
La reprise d’une activité sportive portée et axée (cyclisme, natation) entre 3 et 6 semaines.
La reprise de la course à pied (il est recommandé de recommencer progressivement sur tapis de course) entre 4 et
8 semaines.
Les sports de pivot entre 6 semaines et 3 mois.
Une reprise des activités physiques au même niveau qu’avant l’entorse est à espérer entre 3 et 6 mois.
Séquelles d’entorse
Les principales séquelles possibles sont l’instabilité chronique de la cheville c’est à dire des entorses à répétition, une sensation de fragilité de la cheville notamment sur les terrains instables +/- associée à des douleurs persistantes.
En cas de suspicion de séquelle d’entorse de cheville il faudra consulter un chirurgien spécialiste qui demandera un bilan paraclinique précis en fonction des éléments de son examen clinique (radiographies en charge et en stress, échographie, IRM, Arthroscanner…)
Le traitement médical initial pourra éventuellement être complété par un bilan podologique pour mettre en place des semelles et/ou par une infiltration de dérivés cortisonés ou d’acide hyaluronique réalisée de manière radio ou échoguidée.
En cas de persistance de symptômes malgré un traitement médical optimal un traitement chirurgical peut être proposé. Celui-ci peut comporter plusieurs gestes en fonction du bilan : arthrolyse, réparation ligamentaire, ligamentoplastie, ostéotomie calcanéenne, allongement tendineux…
L’amélioration des techniques chirurgicales tend vers l’utilisation de plus en plus fréquente d’une voie d’abord arthroscopique (mini-invasif à l’aide d’une caméra et de micro-instruments) comme pour la chirurgie des ligaments croisés du genou.
Quelle que soit la technique utilisée et le niveau sportif du patient une entorse de cheville n’est jamais opérée en aiguë, le traitement chirurgical ne s’envisage jamais avant 3 à 6 mois après le traumatisme.